Architecture et design

Il n’est pas sept heures et déjà la lumière est si belle. Vous ouvrez les larges rideaux de la master bedroom et descendez mettre en route le percolateur. Comme toujours, vous n’avez pas la patience d’attendre que le précieux nectar noir en ait coulé. Vous survolez les quelques marches du perron, et vous retournez sur l’imposante façade beige. Sur deux niveaux, la maison est venue se nicher dans un écrin de verdure. En paisible gardienne, elle a traversé les décennies, silencieux témoin de tant de moments de vie. Somptueuse villa de maître bourgeoise, vous ne pouvez nier qu’elle en a véritablement tous les codes. Sa toiture aux tuiles bicolores qui donnent l’illusion de multiples reflets au soleil. Les sous-pentes aux poutres massives laissant présager d’indécentes hauteurs sous plafond. Les rambardes de fer forgé et les menuiseries vert d’eau telles les nombreuses fenêtres à croisillons parées de leurs charmants volets de bois. Flanquée de sa jolie tourelle sur le côté ouest au toit pointant vers le ciel, comme un respectueux salut à l’éternel. Elle a tant de cachet… Vous longez l’allée principale et traversez votre vaste jardin fleuri, escorté au passage par les chênes centenaires. Sans réfléchir, comme un geste que l’on fait par habitude, vous abandonnez là vos chaussures pour avancer pieds nus sur le petit ponton de bois.

Cela vous revient maintenant : c’est véritablement lui qui a déclenché cette transaction l’année dernière. Bien sûr, la demeure de prestige parfaitement équipée et décorée vous a plu. Les prestations, uniques, semblaient toutes un hommage à l’excellence. Bien sûr la parcelle de terrain joliment arboré et sa vue panoramique sur le Léman ont compté pour beaucoup. Il est certain que la piscine à débordement et le garage à bateau ont contribué à vous séduire. Mais vous ne sauriez l’expliquer. C’est véritablement ces douze petites planches de bois irrégulières et maladroitement fixées sur pilotis, menant solennellement à l’immensité du lac qui ont conquis votre âme. Comme on peut être transpercé par une toile de maître, un véritable coup de cœur pour ce tableau d’une fulgurante simplicité : votre définition toute personnelle de la quintessence du luxe. Votre rêve, les pieds dans l’eau.

Il y a longtemps que vous cherchiez à faire l’acquisition d’une propriété dans le Grand-Genève. C’est finalement le très résidentiel village de Chens-sur-Léman qui vous offrit cette merveilleuse opportunité en décembre. Une aubaine car cette commune du Chablais et son patrimoine naturel de renom faisait partie de votre triangle d’or, en bonne place sur un podium fictif aux côtés de Sciez et de Thonon-les-bains.

Tout est calme ici et l’agence n’avait pas menti. Seuls quelques oiseaux rieurs viennent troubler le délicieux silence de l’aurore. Et il est là, devant vous. Évidemment qu’il est là. Comme chaque jour depuis près de 15 000 ans. Pourtant, chaque matin, suivant le même rituel étrange, vous devez vous en assurer. Au fond, vous ne résistez pas à l’envie de faire de ce paysage sublime la première image de votre journée. Et chaque matin, le spectacle est différent. Le plus grand lac de l’Europe occidentale s’étend, majestueux, sous vos yeux. Le café, froid maintenant, attendra. Et si la magnifique propriété traditionnelle que vous avez acquise a une valeur certaine, vous en êtes convaincu cette vision-là, elle, n’a pas de prix.

Pourtant, vous avez longuement hésité. En effet, l’agence présentait également dans son portefeuille de magnifiques villas d’architectes, notamment celles de Philippe Cheysson, dans un esprit bien plus contemporain. La tendance des maisons aux toits plats, aux volumes généreux et cubiques et au design minimaliste vous a d’abord intrigué. Il est vrai que ces habitations modernes et audacieuses s’intègrent remarquablement bien sur le littoral. Sur la rive opposée à la vôtre, Le Corbusier n’en avait-il d’ailleurs pas déjà imaginé les prémisses dès 1923 avec sa Villa « le Lac » ? Trahissant la volonté farouche tant de s’intégrer intelligemment dans un décor que d’en profiter pleinement, le toit plat se fait tantôt terrasse, tantôt jardin pour le plus grand bonheur de ses propriétaires. Vous suivez également avec attention le travail de l’architecte Fabrice David. Astucieuses, les villas nées de son œuvre se fondent dans la nature, s’effacent presque, humblement, pour ne faire qu’un avec le paysage. Leur design est dénué, dépouillé du moindre artifice pour se concentrer sur ce qui compte vraiment. Une architecture où tout à un sens, où aucune place n’est laissée pour le superflu. Des lignes simples, longues, épurées. Des arrêtes tranchées. A l’intérieur, l’espace est roi, les ouvertures immenses pour faire la part belle à la lumière naturelle et ainsi baigner de soleil chacune des pièces. En somme, faire entrer un peu du dehors au-dedans. Une ergonomie soigneusement pensée, une circulation optimisée, favorisée, presque évidente, innée. Des volumes modulables à souhait pour s’adapter à nos quotidiens chahutés et aux perpétuelles évolutions nos vies. Un vrai retour aux sources, un retour à l’essentiel.

Oui, mais ce pittoresque petit ponton de bois…

En vous asseyant sur le bord du quai, votre regard se porte au loin maintenant. Comme souvent à cette heure, une légère brume danse à la surface de l’eau. D’ici quelques minutes, elle se sera dissipée pour laisser place à une ligne bien nette à l’horizon. Paisiblement amarré à sa bouée, votre petit voilier dort encore. L’escapade bucolique d’hier à Yvoire au coucher du soleil l’aura sans doute fatigué. Un coup d’œil à votre montre, et comme vous le craigniez, il va être temps de laisser là votre tableau. Comme il est dur d’en détourner les yeux ! Ce serait presque faire offense à tant de beauté. Mais déjà le soleil grimpe dans le ciel et la lumière n’est plus la même. Vous ne savez que trop bien que l’aube est, par essence, éphémère. Vous savourez votre chance d’avoir pu assister à cette unique représentation et vous promettez d’être là demain. Pour que tout recommence. Une fois encore.

Ce récit fait rêver n’est-ce pas ? Pourtant ce n’est pas vous, et ce n’est pas le vôtre. Ensemble, écrivons votre histoire sur lp-prestige.com.

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